jeudi 30 mai 2013
161-
mardi 28 mai 2013
160-
Ces mots déposés la nuit, dans le silence lézardé,
ne font que courir après des ressentis. Les images assemblées, comme banales
pièces d’un puzzle, ne reconstituent pas la présence de Céline...Par ajouts
fragmentés, elle ne fait qu’apparaître dans un décor de plus en plus sombre. On a ça en horreur...De comprendre. Comme un péril qui veut ma peau...J’ai lu ça quelque part. La santé qui m’attire
vers le fond, les crises, les regards gênés puis agressifs...Le meurtre, le
meurtre...La guerre, la guerre...La guerre que je vois dans les yeux de Karl...Qui
ne l’a jamais quitté. Le meurtre qu’il m’a aidé à concevoir...Ce morceau de
papier que j’ai porté sur moi jusqu’à ce qu’il devienne poussière.
lundi 27 mai 2013
159-
Si présent
qu'on veut l'oublier. Faire feu sur tout ça. Gratter jusqu'à l'os...Jusqu'au
centre qui fout le camp...Fumier ! Pire qu'un mirage...Un ratage presque
réussi. Comme ce travail forcé...Celui d'un garde du corps. Les mains prêtes à
sortir...A faire feu sur la douleur. Effort citadin qui consiste à sauter dans
la rame...Tout homme à terre, comme un mourant, devine ce qui l'attend, pris
dans la foule. Sans remède et sans voix. D'un pas stoppé dans son élan...En
plein cœur de la ville, limite sous terre.
Tout homme
dans cette merde n'a qu'une idée...Sans traitement, silence ravageur. Mais
salutaire. Tête la première dans les heurts...Ils repoussent le prochain
départ, pour un signe de croix révélé à lui-même. Dans cet excès moderne à
réveiller les morts, à faire trembler l’impensable, avant même de l'avoir
senti...Droit sur ta personne, ta gueule...Ton pauvre physique. Dans ce
précipité d'argent, ciel menaçant sur des fenêtres immenses. Ca ne dure pas...
mercredi 22 mai 2013
158-
Karl me
pardonnerait sûrement ce que je vais écrire à présent : j’ai cru qu’il était le tueur. J’ai cru, un instant, qu’il était l’incarnation de cette voix
terrifiante, mais apaisante au fond. Parce qu’elle m’indiquait la sortie. La
mienne. Comme une fuite.
Je me
disais, tout au long de la journée, qu’une de ces secousses me briserait net...Haut-le-corps,
sursaut, plongeon...Des efforts et l'affection passe inaperçue...Des efforts et
l'ennemi ferme sa...C'est le but...C'était l'impression...Qu'enfin pour un
temps autre chose occupe les retombées...Qu'enfin Je puisse river son clou à
celle qui m'envahit...La peine comme un perpétuel découvert. Qu'elle rétrograde enfin...Ca va trop...Ca va trop loin...On dirait à toute biture, on dirait tombeau.
Dans le
rouge, dans un décor de ville...Lorsque le soleil sera couché...A
cru et faillible. Dans une foule de visages, évitant les gouffres mécaniques...Tant
d'aumônes, de machins à ensevelir, de nuques effleurées...Dans un délai par
exemple en lambeaux.
lundi 20 mai 2013
157-
Ce n’était
qu’un répit. Ce n’était que ça...Un simple instant. Nettoyé de ses poisons, de
mes ambiances inéclairées...Ce que je désire le plus n’est déjà plus qu’un souvenir
récent...En un mot parti de rien, pour aller nulle...Enfin peut-être vers ce
lieu consacré à certaines heures hors limites...Des conditions délicates à poser
sur du blanc...Celui des murs. De cette ébauche de pont. Bien plus qu'un
épilogue...Une saleté de reddition.
mercredi 15 mai 2013
156-
Je ne
désirais alors qu’une chose, dans cette pièce-refuge...Me désintégrer. Et la
rejoindre. Rejoindre Céline. Fût-elle devenue fragrance. Suivre cette ombre croisée
par hasard, et vaincre la peine. Mais c’est impossible...Se détruire toujours, puis renaître à nouveau...Au coeur de la ville
blanche. La course lancinante après les lampes qui étouffent la trop lisse
tempête. J’ai encore au creux de ma main les gouttes tombées de ton front. Ce
front comme une vague ténébreuse qui m’a si souvent tenu la tête. A la lueur d’une flamme.
Toi
seule a le secret. Les sombres mots qui résistent aux vents à l’unisson, et
attirent les rafales polyphoniques qui m’empoisonnent et me guérissent à tour de rôle...Le poison et l’antidote l’un après l’autre s’écoulent de ton front de lis. Pour m’épargner cet ordre idéal. Esclave de variations dérisoires, je
m’enlise dans les méandres d’une fièvre urbaine. En implorant les Déesses
mortelles. Celles qui méprisent les futurs apaisés et prônent la fureur et
soulèvent la houle. La fougue et l’ivresse l’une après l’autre. Aux noirs frontons de la ville. Ta sueur a chevauché ma tempête intérieure...Tu crains
mon vertige des profondeurs. Mes mains autour de ton cou, comme une corde coulissante,
l’une après l’autre se jouent d’un fleuve rouge. De ce coeur sonore. Une danse
vibrante, à mes tympans résonne, encore aujourd’hui. La sortie de
l’amnésie. Oublier toujours. Puis se souvenir à nouveau.
lundi 13 mai 2013
155-
Ces phrases-là posées avant que le sommeil ne vienne finalement me cueillir, quand
il faudrait que je me réveille. Et d’autres phrases encore, douloureuses, prononcées
par le tueur, dont je me suis souvenu dans la journée.
Que
valent les mois métastases. Les semaines que rien ne soulève. Les jours élimés,
les heures sans riffs. Les minutes qui s’étiolent dans la pénombre ?
Le
fléau comme une plaie, qui se fait linceul. Un suaire terreux...Je suis l’oraison,
le tueur de liesse. Celui qui met fin aux litiges. Etouffant les prophéties...Ces chevaux réfractaires, qui renvoient l’éclat des ambulances.
Je
suis le sniper aveugle, qui tire sans discernement sur la clameur. Des tirs
ajustés, en dépit de ma nuit noir de jais. Je suis la boue que vous retirez de
vos propres mains des eaux grises...Ce limon pollué qui s’étale sur vos existences.
Des
vies sédiments qui s’envasent, explorant les fonds, les égouts, le dessous des
ponts. Creusant des tunnels des galeries.
J’observe les hommes recouverts, les travailleurs dans la fange. Et les dépôts
dangereux...Un glaive kaolin fragile comme l’air.
Je suis
leur guide leur conscience. Une prière dans la terre. Une oraison sous les
ponts. Un cantique à l’argile...Que valent des piliers creux, les treillis de
verre qu’un rien disloque, les constructions de cristal sur des tombeaux, la disgrâce qui s’effondre dans le fleuve ?
Entraînant
mon esprit avec lui, dans sa course morbide. Me laissant sur le flanc, animal
épuisé. Rincé par la solitude, sûr pourtant qu’elle était lumière.
vendredi 10 mai 2013
154-
Cette mère dont Céline parlait à peine. Elle en
effleurait juste l’existence, un souvenir puis un autre. La mort irréelle,
comme une période brunante, cruellement ironique, qu’elle déroulait comme un fil. De sa naissance jusqu’au jardin maudit. J’entends les rires, et des
larmes. La mort du père, si jeune. Miroir
terni de l’enfance. J’entends à nouveau ta voix, Céline, les déchirements
que tu me confiais. J’ose dire que tu m’offrais. Des brèches que l’on tentait
de réparer grâce aux œuvres d’art, à nos marches. A nos séances d’observation
mutuelle...Comme pour traquer chez l’autre la blessure. Atténuer la douleur. A partir de l’absence construire quelque chose...
Ce qui part existe enfin…Témoin d’un meurtre, d’un fait défrayant la…Et couvrant de son
silence la ville motorisée…Des
mutilations inutiles. Ce qui part nous éclaire enfin…Sur l’adresse
en partage. Le rival de toujours assoiffé…De comptoirs et d’instants
indiscernables…De sous-verres…Un pour chaque déni…Un pour chaque mensonge. Ce
refus de voir m’emmerde. Et me pousse à - tu dis tous les abus…Je pense au plus
dur…Tu remets l’indifférence sur la table…Je pense impossible. Et regarde vers
les grues au loin - construisant…Un jour
tu verras le résultat…Alors que…Ce qui part nous prend de court - comme à la
gorge - toute parole superflue.
vendredi 3 mai 2013
153-
J’ai déjà ressenti un tel soulagement dans la
journée. Parmi les mien. Des ombres aujourd’hui. Présences étrangères, que je
ne reconnaîtrais même plus. Des associés, un parent...Les parents de Céline, sa
mère que j’ai fini par rencontrer. A qui j’ai fini par dire « votre fille
est morte ». Votre fille est morte. Comme un flic, exactement comme
l’aurait fait Darc. Comme il l’a d’ailleurs peut-être fait. Le visage de cette
femme, qui tombe entre ses mains. Il m’avait semblé qu’elle le rattrapait,
littéralement. Qu’il serait tombé sans le secours de ses mains. De ce geste désespéré,
si proche au fond de sa fille. De sa création anéantie.
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