Mais ce type étrange à moitié nu dans la rue, qui
a sauté de sa fenêtre comme un félin. Alors que son visage est tavelé, et même
grêlé. Qu’il est en surpoids, les muscles fatigués. Qu’il est sans âge, la peau
diaphane et relâchée. Il ne parle toujours pas. Des murmures ou des feulements,
rien d’autre. Un putain d’animal qui dégage une odeur inouïe. Je me dis que
c’est un genre de filtre. Puis que cette chose n’est pas humaine. Le simple
produit de mon imagination. Une manipulation du tueur. Et pourquoi pas son apparition.
lundi 17 décembre 2012
vendredi 14 décembre 2012
132-
Il me traîne comme ça sur quelques mètres. Comme
il porterait un de ces cartons. Sans ménagement mais pas violent non plus. Puis
il me lâche quand le trottoir est totalement dégagé. Cette prise en main grossière, humiliante,
m’aurait autrefois mis en colère. Là non. Je l’ai acceptée. Et même j’en
redemande. L’odeur m’accompagne, s’enrichit d’une senteur d’orange. Sillage bouleversant,
comme si elle était là. Qu’elle me tenait. Puis c’est effroyable. Car ce n’est
pas elle à mon bras.
mardi 11 décembre 2012
131-
Une odeur d’abandon et d’insalubrité, noyée dans une
incroyable fragrance. D’un raffinement insensé sur la peau d’un type pareil. La
fatigue, le choc en retour...Je suis comme aspiré. Incapable de l’envoyer au
diable. Il grogne, en me pressant le bras. J’ignore ce qu’il veut. Mais son
odeur de rose et de jasmin, pour les composants que je reconnais, me tétanise. Elle
est trop féminine, trop proche de celle de Céline. Je comprends à cet instant
mon absence de résistance.
(Musique : "From the aquarium" by Philippe Petit)
vendredi 7 décembre 2012
130-
D’un geste il m’indique par où passer. Un geste
accompagné d’un grognement. Je parviens à me frayer un passage entre les
cartons trempés. Alors que je m’éloigne, il m’agrippe par un bras. Pour ça, il
a dû sauter par la fenêtre. L’odeur que ce type dégage...Même cette nuit, je
m’en souviens encore. Pas une mauvaise odeur. Seulement une chose que je
n’avais jamais sentie auparavant. Les odeurs des corps, de la mort...Je les
connais toutes. Jusqu’à la nausée. Mais pas ce mélange-là...Emanant d’un corps athlétique
et usé.
mercredi 5 décembre 2012
129-
Ce soir elle m’attire. L’influence du tueur, je ne
sais pas...Ce visage abîmé, ce torse puissant, mais des chairs effondrées. Le
tout penché dans le vide, fumant une cigarette, me regardant avec intérêt. A la
façon d’un vieux fauve, impavide et méfiant. Un regard éclairé par le
lampadaire installé au-dessus de sa fenêtre.
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