lundi 17 septembre 2012

120-

Je me sens si faible et impuissant devant ce que je vois. Vide un instant de toute émotion. Je pourrais même parler avec la vieille. Lui demander des renseignements. Comme si je n’étais pas concerné au plus profond de mon être par ce déballage funeste. Alors dans ma tête défilent en accéléré des psaumes, remontant des profondeurs de l’enfance.   Toi qui m’as tant fait voir de détresses et de malheurs...Tu vas à nouveau me laisser vivre...Me laisser vivre. Dans cet abîme.

lundi 10 septembre 2012

119-

Je me dis alors que l’horreur est comme la publicité. Un truc imbattable. Totalement insurmontable. Qu’il est inutile de lutter. Je suis rattrapé par le sentiment négatif qui me rongeait depuis la trahison de mes yeux...Et par toutes ces images de Céline détruite. D’abord dans un désordre imaginaire. Celui dans lequel j’étais au début. Superposition toxique d’images imprimées dans l’esprit, et de la réalité. De son corps à elle, tel qu’il m’a été rendu...Et d’autres corps inventés. Pour survivre j’imagine. Tenir le plus loin possible de moi ce réel insensé.

lundi 3 septembre 2012

118-



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour cette nuit c’est terminé. Si je continue je vais m’effondrer. Et tout va revenir. Mon refus de sortir de la chambre passe mal. Le psychiatre considère que c’est encore une régression. J’ai d’abord refusé de voir les autres en salle commune. Mais je participais toujours aux ateliers imposés. Saloperies d’activités thérapeutiques...La nuit prochaine sera le meilleur des traitements. Comme toutes les autres.
 
La place gronde d’une animation extraordinaire. Une véritable foire macabre presque jouissive. Foule massée derrière un ruban orange. Barrières au milieu de la route,  véhicules de police et puis une bâche verte tendue au-dessus d’un massif. Bien sûr la dépouille de Céline n’est plus dessous. Elle est à l’institut. Le ciel est comme une laisse de basse mer : sable façonné par le ressac, nuages joliment formés.
 
Par une porte ouverte, j’aperçois une vieille femme qui se tient d’une curieuse façon. Le corps tordu un pied à l’extérieur sur le trottoir. Tordu par la curiosité. Dévorée par l’envie de voir quelque chose. Au diable si la vue convoitée doit la traumatiser pour le restant de ses jours.