Pour cette nuit c’est terminé. Si je continue je
vais m’effondrer. Et tout va revenir. Mon refus de sortir de la chambre passe
mal. Le psychiatre considère que c’est encore une régression. J’ai d’abord refusé
de voir les autres en salle commune. Mais je participais toujours aux ateliers
imposés. Saloperies d’activités thérapeutiques...La nuit prochaine sera le
meilleur des traitements. Comme toutes les autres.
La
place gronde d’une animation extraordinaire. Une véritable foire macabre
presque jouissive. Foule massée derrière un ruban orange. Barrières au milieu
de la route, véhicules de police et puis
une bâche verte tendue au-dessus d’un massif. Bien sûr la dépouille de Céline
n’est plus dessous. Elle est à l’institut. Le ciel est comme une laisse de
basse mer : sable façonné par le ressac, nuages joliment formés.
Par
une porte ouverte, j’aperçois une vieille femme qui se tient d’une curieuse façon.
Le corps tordu un pied à l’extérieur sur le trottoir. Tordu par la curiosité. Dévorée
par l’envie de voir quelque chose. Au diable si la vue convoitée doit la
traumatiser pour le restant de ses jours.