jeudi 13 octobre 2011

7-

Je pleure, je lève mes poings au ciel, vers les immeubles. Des lampes s’allument, des visages apparaissent. L’impuissance…Des yeux sur moi…Ils regardent la honte et la peine. La nuit semble avoir des dents…Elles me mordent jusqu’au sang. Les arbres, tristes pantins sombres, pourraient réagir au moins. Fumiers !

C’est moi qui montre les dents maintenant…Je dois même baver. La nuit ne desserre pas sa mâchoire, elle en a vu d’autres. Avec la barbe, les cheveux un peu trop long je dois être abominable. D’ailleurs, cette étrange forme qui se reflète dans la vitrine d’un restaurant, un truc décharnée pas très solide sur ses jambes, agressif pourtant comme un fauve, c’est moi. J’esquisse un mouvement sur le côté. Un bras m’empêche de partir par là. Le trou, le buisson, ma femme à l’intérieur qui pourrit. “Salops ! Salops !” La Place est réveillée, ça oui. On dirait un soir de fête. Une belle fête nocturne, avec les étoiles, des bougies, les odeurs agréables…Conneries…Ca sent la haine. Vraiment. Je crie, fort et clair. Puis ma voix se casse, elle retombe sur le revêtement d’un terrain de sport. Le terrain et son panier de basket…Je m’y suis réfugié en rampant sur le sol, comme un ver. Toujours les insectes. Les gens sont galvanisés. Les flics tentent de s’interposer. Ils craignent sans doute qu’on me lynche. “T’es qu’un violeur”…Ces mots…Ils enragent les habitants…Je suis fatigué.