mercredi 17 avril 2013

149-

Il ne vivait pas dans le même espace-temps que le mien... J’ai à peine foulé sa routine, à peine troublé son lent suicide. Alors qu’il était à sa fenêtre, comme presque tous les soirs probablement, à tromper la solitude. A trouver dans cette rue toute droite une raison de ne pas en finir au plus vite. Que voyait-il au juste ? Dans ce calme sidéral, parfois rompu par une automobile, une moto, des cris d’ivrognes, jeunes ou vieux...Dans ce noir à peine réchauffé par des lampadaires défectueux. Plus tard, j’ai compris. J’ai compris que c’était précisément ce calme douloureux qu’il contemplait. Lui qui venait d’un monde où le bruit n’est que morts et blessés, suspicion, paniques et tirs tendus. Moi aussi je revenais de ce monde, mais je venais seulement de le découvrir. De l’effleurer. Ce pied posé de l’autre côté.