Je lui explique comme je peux que ce parfum est si
proche de celui de Céline...Qu’elle vient de mourir, pas très loin d’ici. Que
son agresseur est dans ma tête depuis le matin, qu’il me parle...Que j’ai un
appartement luxueux, une voiture garée...Que je n’ai plus la force de reprendre cette vie-là. Cette vie qui m’était déjà insupportable, qui l’est devenue
encore davantage...Je lui parle de mes yeux, de mon cabinet...Je lui parle de
ma vie, qui n’est plus. D’une autre qui ne ressemble à rien de ce que je croyais connaître. Pas même au noir vers lequel je fonce comme un astre froid.
Que cette solitude n’est pas nouvelle, non...Qu’elle vient seulement de prendre
une dimension inconnue. Phénoménale, indescriptible.
Pendant tout ce temps, il a souri. Pas d’un
sourire ironique ou ennuyé. Non, rien de tout ça. Un sourire de miséricorde.
Droit venu des profondeurs de ce monde, de son monde à lui. Je le revois si
nettement, ce soir, assis dans mon lit. Le sourire miséricordieux qu’il m’a
offert pour réponse...Bienvenue me dit-il, de son regard sacré. Dans mon pays
déchiqueté, de montagnes explosées, d’impasses meurtrières et de tombes improvisées.