jeudi 18 avril 2013

150-

Je lui explique comme je peux que ce parfum est si proche de celui de Céline...Qu’elle vient de mourir, pas très loin d’ici. Que son agresseur est dans ma tête depuis le matin, qu’il me parle...Que j’ai un appartement luxueux, une voiture garée...Que je n’ai plus la force de reprendre cette vie-là. Cette vie qui m’était déjà insupportable, qui l’est devenue encore davantage...Je lui parle de mes yeux, de mon cabinet...Je lui parle de ma vie, qui n’est plus. D’une autre qui ne ressemble à rien de ce que je croyais connaître. Pas même au noir vers lequel je fonce comme un astre froid. Que cette solitude n’est pas nouvelle, non...Qu’elle vient seulement de prendre une dimension inconnue. Phénoménale, indescriptible. 
 
Pendant tout ce temps, il a souri. Pas d’un sourire ironique ou ennuyé. Non, rien de tout ça. Un sourire de miséricorde. Droit venu des profondeurs de ce monde, de son monde à lui. Je le revois si nettement, ce soir, assis dans mon lit. Le sourire miséricordieux qu’il m’a offert pour réponse...Bienvenue me dit-il, de son regard sacré. Dans mon pays déchiqueté, de montagnes explosées, d’impasses meurtrières et de tombes improvisées.