mardi 18 juin 2013

166-

Des hommes soudain sans passé. Ni mémoire vive. Jetés dans le noir, le froid, ces données errantes...Ou bruits parasites dans le silence des artères. Je réalise alors que je suis dehors, à la même heure que Céline, que je marche comme elle, la veille. Que les heures qui me séparent d’elle ne sont qu’une poignée, qu’il aurait suffi que je ne boive pas. Que je l’accompagne. Encore une donnée errante. Une pensée à l’évidence tranchante. Il aurait suffi. Ces mots ont la vulgarité épaisse d’une mauvaise farce. Je traîne avec ce type, Karl, et même là, je ne saisis pas bien le sens de cette marche. Quel homme suis-je donc pour avoir si vite tout abandonné ? Pour avoir noyé un chagrin chronique, dramatiquement aggravé, dans l’alcool. Alors que c’est à cause de ça que Céline est morte. De cette beuverie solitaire, couronnant des semaines, des mois d’un dérapage à peine contrôlé.