Ils
obligent à errer, dans sa vie, le passé. Comme un pavé humide. Glissant.
Instable. A ne jamais rencontrer le tangible, la chair perdue. Chaleur au bout
des doigts. Dans les draps salis, de présences aimantes. De rapprochements au
parfum triste ou si gai. De parfum d’envies, désirs assouvis, négligés. Alors
que les ateliers forment cette masse énorme, hérissées de lumières pâlissantes, Karl m’en détourne. Nous
avons emprunté une rue, à la résonance apaisante. A l’étroitesse ensorcelante.
Je revois très bien nos ombres écorchées par le crépi des vieux immeubles. L’odeur
que traîne cette ville, les jours plongés dans la bruine. Lambeaux des papiers
peints, bois gonflés, portes traînant sur des parquets soufflés. Soulevés par
une eau marine. L’odeur nous accompagne tout au long de cette voie si longue.