vendredi 28 juin 2013

170-

De cette voie que Karl semble connaître parfaitement. Le silence qu’il y règne...Je l’imagine aussi la journée silencieuse. Celui qui possède à présent Céline, qui possède son visage et sa grâce, y vit peut-être. L’idée me traverse, la violence de cette idée, elle semble me déchirer le cerveau. J’attrape Karl par le bras. Il ne s’arrête pas. Il pourrait me traîner ainsi, pendu à son bras, des heures. Il semble possédé, aspiré par le seuil de cette rue. Des grognements parfois. Pour paroles. Des mots abîmés, essayant de trouver une porte de sortie. L’alcool, ses traumatismes, mon récit d’horreur. Quelque chose l’incite à tailler le trottoir. Le sentiment maintenant, toujours la nuit, cette lampe minuscule qui me guide ; qu’il devait marcher comme ça dans son pays de guerre et d’affronts.  Je ne vois que les débris de la ville, flottants devant nous. Lumières étranges, pouvant soulever le cœur, par-delà les verres enquillés. Celles de Céline...Ses preuves de vie.