mardi 13 mars 2012

61-


Elle est invisible. Derrière des massifs de plantes. L’ombre s’est acharnée. Tout est dans le rapport. Plaies, fissures, contusions, fractures, éclatements. Simulacre d’enterrement. Le corps de Céline a été recouvert de la terre qui fut son dernier lit.



Quelques centimètres sur le ventre et le visage. Sous un bosquet. Celui dans lequel je me suis moi-même enfoncé. L’ombre s’est volatilisée. Dans quel état d’esprit l’agresseur s’est-il ainsi évaporé dans la ville ?

Furieux de s’être laissé dominer par une pulsion dévastatrice ? Fatigué ? Euphorique ? Coupable ? Heureux ? A-t-il été dormir, s’est-il soûlé ? A-t-il rejoint une compagne ? Lui a-t-il fait l’amour tendrement, après avoir massacré un peu plus tôt une inconnue ?

Je vis désormais avec ce destin. Ces questions, et cette double absence. Celle de Céline et celle de cette ombre. Céline a mis deux heures pour mourir. J’étais dans la voiture quand elle m’a quitté. A l’autre bout de la ville. Sur une autre rive. Un autre univers.