vendredi 30 mars 2012

67-

De mon lit d’hôpital, j’entends des pas dans le couloir. Des chuchotements qui cachent mal l’exaspération ou la panique. Des bruits métalliques ensuite. Les alertes sont impressionnantes. Il faut des muscles pour s’occuper de gens comme nous. Des muscles et des armes chimiques.

Après ma douche, j’ai entamé une nouvelle inspection désespérée de l’appartement. Il est plus de 9 heures, je me dis alors qu’elle a quitté la ville. Pour aller, peut-être, chez sa mère qui habite à 600 kilomètres. Mais par quels moyens ? La voiture est garée en bas. Le train ou l’avion en pleine nuit...Ça paraît un peu absurde.

J’appelle le cabinet pour les prévenir que je serai en retard. Dans l’appartement, les senteurs en principe agréables - un parfum sur une étoffe, l’odeur de frais que dégage les tentures – tournent et me soulèvent le cœur. Réfugié dans la cuisine, je suffoque dans cet environnement. Il semble conspirer contre moi. A 10h30, très exactement - j’avais les yeux rivés sur la pendule - le téléphone sonne.

- “Monsieur Cabon ?”. C’est une voix d’homme. Grave, dans tous les sens du terme.

- “Votre femme est-elle présente ?»...

Je lui dis qu’elle n’est pas là, et que justement cela m’angoisse terriblement. La voix décline alors sa fonction et son identité. Lieutenant de police Philippe Darc.