mardi 27 mars 2012

66-

Il est 8 heures du matin. Je devrais me préparer pour aller au travail. Mais je n’en fais rien. J’attends furieux, et plein d’inquiétude. Je pense à un hôtel, un amant peut-être. Je pense surtout à un accident, une agression. Je passe des coups de fil aux hôpitaux...Aucune entrée au nom de Céline Grall. J’erre dans le salon, puis m’immobilise devant ce tableau de Chesnais. Un noir profond et brillant, un rouge éclatant. Ce matin j’y vois du sang, littéralement projeté sur la toile. Elle pue le meurtre, la souillure, les cris qui ont dû effrayer quelques insomniaques. Elle pue la mort, l’envie et le mal. Je me détourne difficilement de cette œuvre, qui donne sur l’abîme. Les “idées noires”.

8 h30. Je mange un peu, je me lave. Sous la douche, j’imagine son retour. Céline sera enfin couchée dans notre lit. Elle aura tenté d’oublier quelque part sa déception. Mon refus d’avoir un enfant. Elle est parfois sujette, comme moi, à de tels accès de dépression. Eclairs de lucidité, ouvertures sur le gouffre.