vendredi 23 mars 2012

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Lorsque j’ouvre la porte, le lit intact ne m’étonne pas. La charge de l’inquiétude a basculé. Couché dans la voiture j’imaginais Céline, morte d’angoisse à mon sujet...J’entre à mon tour dans un cauchemar. Je fouille, de manière irrationnelle, toute la chambre. De la petite salle de bains attenante aux grands placards qui mangent tout un mur. J’ai regardé sous le lit, alors que l’espace entre le plancher et le sommier ne permettrait pas à un chat de s’y faufiler. Puis, il me paraît évident que la chose la plus logique à faire est d’appeler Sophie. Je la connais à peine, mais Céline garde dans un secrétaire tous les numéros et toutes les adresses de ses amis. Très vite, je trouve dans un tiroir un carnet en cuir dans lequel, en effet, elle a soigneusement écrit à la main ces coordonnées.

Sophie me répond, la voix ensommeillée...Non, Céline n’est pas restée dormir chez elle. Elle m’indique seulement l’heure à laquelle Céline est partie, autour de minuit. Après s’ouvre une faille béante. Le logement vide, l’atmosphère empestant la séparation, cet air empoisonné qui court de pièce en pièce, cristallisent les blessures des dernières semaines.

Je suis dans le salon, à scruter l’horizon, d’une insolente beauté à présent. J’observe un paquebot dans le fond de la rade. Un navire de croisière qui s’apprête à faire escale dans la ville. Une image d’insouciance qui m’écœure soudain. J’avais promis à Céline que nous ferions un jour une croisière en Mer du Nord. C’est une chimère qui vient parader sous mes fenêtres. Une apparition qui semble me reprocher des promesses et des renoncements.