Un mur de silence se dresse entre nous trois. Ils
sont embarrassés. Horrifiés mais curieux. Je suis sur la défensive. C’est la
secrétaire qui casse cette cloison invisible. Après qu’elle a repris des couleurs,
elle s’avance, en paroles. Timide et l’air sincèrement affecté. De son
fauteuil, elle balbutie quelques questions. J’y réponds...Même si tout ça n’est
pas très clair pour moi non plus. Je sors d’une nuit chaotique, d’une
convocation au commissariat, puis de l’institut...
Ils me soutiennent, avec chaleur. De la compassion
évidemment. Leur journée a pris une tournure extravagante. Nous flottons au
milieu de l’accueil. J’ai la sensation que la vague qui m’a happé dans la
matinée vient de les rattraper.
Maintenant qu’ils connaissent à peu près les
circonstances de la disparition de Céline, ils sont gênés. Gestes, attitudes, voix...Tout
est empreint d’une maladresse pitoyable.
L’heure de la réouverture du cabinet approche. Ils
n’ont rien mangé. C’est alors que Xavier me prend par les épaules et me plaque
contre lui. Il n’a plus peur et cela me fait un bien fou. C’est même la
première fois depuis un bon moment que je me sens vraiment à mon aise. Je cohabite
avec une souffrance sincère. Sans la moindre interférence, le moindre brouillage...C’est la dernière fois que cela se produira. C’est pour ça que je
me souviens avec une telle émotion de ce geste d’amitié. Plus tard, tout sera balayé.