Les premiers patients de l’après-midi sont déjà à
la porte du cabinet. Nous sommes tous les trois pris dans les mailles d’un
filet dérivant. La gêne, à nouveau, sature la pièce. Laure lâche quelques mots.
- “Nous avions presque le même âge avec
Céline...C’est terrible Docteur...On est toujours démunis devant des choses pareilles...Je préfère...”
La suite s’évapore dans l’espace et les sanglots.
Elle se dirige vers la porte du cabinet comme si elle voulait fuir. Mais elle
se contente de vouloir déverrouiller l’entrée...Que les patients puissent
accéder à la salle d’attente. Mon départ s’annonce chaotique. De toute façon, personne
ne sait comment se quitter dans de bonnes conditions. C’est alors que Bertrand
déboule dans le cabinet. Il vient d’entendre à la radio qu’une Céline Grall a été
retrouvée au petit matin. Nue et déchiquetée dans un jardin de la ville.
Bertrand, vêtu d’un pantalon de toile, d’une
simple chemise bleu pâle et d’une longue veste de cuir, me demande depuis
plusieurs minutes s’il s’agit de ma Céline...J’étais noyé dans mes pensées, ces
tensions informes où le monde dérive.
- “Oui, c’est bien elle...”
Il laisse tomber par terre sa sacoche, et me tend la main.
- « Oh ! Mon Dieu, c’est épouvantable... »