Ces phrases-là posées avant que le sommeil ne vienne finalement me cueillir, quand
il faudrait que je me réveille. Et d’autres phrases encore, douloureuses, prononcées
par le tueur, dont je me suis souvenu dans la journée.
Que
valent les mois métastases. Les semaines que rien ne soulève. Les jours élimés,
les heures sans riffs. Les minutes qui s’étiolent dans la pénombre ?
Le
fléau comme une plaie, qui se fait linceul. Un suaire terreux...Je suis l’oraison,
le tueur de liesse. Celui qui met fin aux litiges. Etouffant les prophéties...Ces chevaux réfractaires, qui renvoient l’éclat des ambulances.
Je
suis le sniper aveugle, qui tire sans discernement sur la clameur. Des tirs
ajustés, en dépit de ma nuit noir de jais. Je suis la boue que vous retirez de
vos propres mains des eaux grises...Ce limon pollué qui s’étale sur vos existences.
Des
vies sédiments qui s’envasent, explorant les fonds, les égouts, le dessous des
ponts. Creusant des tunnels des galeries.
J’observe les hommes recouverts, les travailleurs dans la fange. Et les dépôts
dangereux...Un glaive kaolin fragile comme l’air.
Je suis
leur guide leur conscience. Une prière dans la terre. Une oraison sous les
ponts. Un cantique à l’argile...Que valent des piliers creux, les treillis de
verre qu’un rien disloque, les constructions de cristal sur des tombeaux, la disgrâce qui s’effondre dans le fleuve ?
Entraînant
mon esprit avec lui, dans sa course morbide. Me laissant sur le flanc, animal
épuisé. Rincé par la solitude, sûr pourtant qu’elle était lumière.