mardi 10 avril 2012

70-


- “Voilà, nous y sommes Monsieur Cabon...”.

Nous avons traversé un sas, délimité par une paroi mobile en verre, sur laquelle est fixée une plaque de cuivre. S.R.P.J - Division Criminelle. Nous pénétrons dans une pièce dont la luminosité est aussi brutale que dans l’escalier. Je ferme les yeux. Le contraste est violent avec le couloir, et son clair-obscur. Nous nous asseyons enfin.

-  Bien...Il n’y a pas de méthode pour ce genre de nouvelle...Le corps d’une femme a été découvert tôt ce matin, Place Dusquesne. Ses papiers d’identité indiquent qu’il s’agit de Céline Grall”. 

Il se tait, dans l’attente d’une réaction. A moins qu’il n’enquête, et me soupçonne. Cette pièce est affreuse, pleine de plastique et de gris. Le corps de Céline Grall retrouvée à l’aube ? C’est une image précise et très floue en même temps...Elle se perd dans le sommeil...

Assis sur une chaise au dossier incurvé par l’usure, je suis incapable de prononcer le moindre mot. Le lieutenant Darc, faute d’une réponse de ma part, semble à présent plus dérouté qu’autre chose. Il aurait souhaité, sans doute, que je lui facilite la tâche. Que je dise par exemple “Vous en êtes certain ?”, afin qu’il puisse poursuivre son interrogatoire, tout en me dévoilant peu à peu l’étendue de l’horreur. Mais je suis muet. Sa main droite tremble un peu. Il attrape un stylo bille qu’il tourne et retourne entre ses doigts.

-  Vous avez compris ce que je vous ai dit, Monsieur Cabon ?” De la tête, j’indique que j’ai bien assimilé la nouvelle. “Nous devons procéder à l’identification formelle du corps retrouvé...Or, il n’y a que vous qui puissiez le faire. C’est un moment très pénible. Nous sommes dans l’obligation de nous rendre à l’Institut médico-légal, où le corps a été transporté après les...”.