- “Voilà, nous y sommes Monsieur Cabon...”.
Nous avons traversé un sas, délimité par une paroi
mobile en verre, sur laquelle est fixée une plaque de cuivre. S.R.P.J - Division
Criminelle. Nous pénétrons dans une pièce dont la luminosité est aussi brutale
que dans l’escalier. Je ferme les yeux. Le contraste est violent avec le
couloir, et son clair-obscur. Nous nous asseyons enfin.
- “Bien...Il
n’y a pas de méthode pour ce genre de nouvelle...Le corps d’une femme a été
découvert tôt ce matin, Place Dusquesne. Ses papiers d’identité
indiquent qu’il s’agit de Céline Grall”.
Il se tait, dans l’attente d’une réaction. A moins
qu’il n’enquête, et me soupçonne. Cette pièce est affreuse, pleine de plastique
et de gris. Le corps de Céline Grall retrouvée à l’aube ? C’est une image précise et très floue en même temps...Elle se perd dans le sommeil...
Assis sur une chaise au dossier incurvé par
l’usure, je suis incapable de prononcer le moindre mot. Le lieutenant Darc,
faute d’une réponse de ma part, semble à présent plus dérouté qu’autre chose.
Il aurait souhaité, sans doute, que je lui facilite la tâche. Que je dise par
exemple “Vous en êtes certain ?”, afin qu’il puisse poursuivre son
interrogatoire, tout en me dévoilant peu à peu l’étendue de l’horreur. Mais je
suis muet. Sa main droite tremble un peu. Il attrape un stylo bille qu’il tourne
et retourne entre ses doigts.
- “Vous
avez compris ce que je vous ai dit, Monsieur Cabon ?” De la tête, j’indique
que j’ai bien assimilé la nouvelle. “Nous devons procéder à l’identification
formelle du corps retrouvé...Or, il n’y a que vous qui puissiez le faire. C’est
un moment très pénible. Nous sommes dans l’obligation de nous rendre à
l’Institut médico-légal, où le corps a été transporté après les...”.