vendredi 27 avril 2012

76-

Le visage perdu de Céline qui s’anime encore...Qui s’anime tellement. Des accents de tristesse et de remords qui ne savent pas s’ils doivent m’envahir maintenant ou plus tard.  L’apogée d’un mois glaçant. La déchéance qui se profile alors que nous traversons la ville à toute vitesse. J’oscille entre la révolte et l’effondrement. Un peu au rythme de la voiture. Quand il est calme, je me laisse aller à la peine, j’entrevois le cauchemar de la nuit. La mort se présente soudain à moi sous les traits de ma lâcheté. Tout ça est trop énorme...

Vers l’institut qui s’approche comme un orage...Cette image me harcèle. Jusqu’à ce que nous passions devant un grand immeuble d’habitation, devant lequel j’aperçois un groupe de personnes autour d’une mariée. Un flash blanc qui s’évanouit dans le rétroviseur.

J’essaie de reconstruire la fugace apparition en salissant la robe immaculée. Pleine de sang et de terre. La tête de la mariée lacérée. Avec un reste de ce rictus de bonheur surnaturel pendu aux lèvres. Les yeux ont disparu, comme le nez, enfoncé.

Sans demander la permission au lieutenant, je tire une cigarette de mon paquet. Je sens qu’il hésite un instant. Il soupire et se contente d’entrouvrir sa glace. Je me colle à la mienne. Plus la masse sombre de la Faculté de médecine, un bâtiment en arc-de-cercle, se dessine, plus l’absence se manifeste concrètement.