vendredi 20 avril 2012

74-

- “Qu’est-ce qu’on a fait exactement à ma femme?

Darc me pousse en avant depuis que nous avons quitté son affreux bureau. Il continue dans l’escalier. Un réflexe de flic sans doute. Il s’arrête entre deux marches.

- “Dans la voiture...Nous en parlerons dans la voiture...

Son visage est défiguré par une étrange grimace. Cet homme, sûrement habitué à toutes sortes de violences, semble touché par le sort de Céline.

Et moi, je commence à ressentir la création d’interstices dans ma raison. Ces petits espaces entre les éléments d’un tout, selon la définition du dictionnaire que l’infirmier, qui m’appelle l’écrivain, m’a fourni. Des espaces entre les éléments du réel...Au rez-de-chaussée du commissariat, je suis persuadé qu’un liquide acide a rongé mes nerfs optiques. Comme si les années me séparant de la cécité venaient de se dissoudre sous l’effet de la haine...

Derrière nous, l’agitation du commissariat. Où, maintenant, tout le monde paraît travailler sur mon affaire. Le lieutenant se dirige vers le parking commun. Nous sommes sortis par une porte dérobée. Des véhicules de police sur le départ encombrent la rue, tandis que sur les trottoirs des hommes en uniforme discutent avec des gradés en civil. Un type s’approche du lieutenant, et comme tout à l’heure, Darc l’éloigne d’un geste.