Darc accélère. Nous fonçons plein sud, vers le coeur
de la ville. “Vous devrez patienter quelques jours”. La métropole
métastasée est derrière nous. La radio crache à présent un flot de paroles sourdes. Elle
était éteinte. Puis, si basse que je n’y avais pas prêté attention. Après l’avoir
allumée, Darc a monté le son. Manière de rompre la discussion. Mon attention se
porte péniblement sur les panneaux publicitaires, nombreux et colorés. J’ai le
sentiment de régresser. Les détails ne m’apparaissent pas. Je déraille...Je
m’invente un personnage, sur lequel je projette toutes les horreurs. Les
monstruosités qui se promènent dans mon cerveau.
Nous abordons l’hyper centre. La rue du
commissariat est très proche maintenant. Nous pénétrons sur le parking. Le
lieutenant coupe le moteur. Il descend du véhicule et m’attend. L’air farouche
et soulagé. Il est dans son élément ici. Sur son territoire. Il n’est plus
voûté, et retrouve la prestance d’un flic en pleine possession de ses moyens.