Mon front est brûlant. En revanche, le bout de mes
doigts est gelé. La mort commence par là. Mon portable est éteint. Ils m’ont
probablement contacté, sans succès. Explorer une ville amputée. Des lieux
familiers soudain déchirants. Comme errer dans un cimetière ou s’abîmer dans la
boue. Toute cette vie autour de moi...
Ces affiches, ces boutiques avec leurs mannequins en
plastique, ces passants enveniment la disparition. Plusieurs fois, j’ai la
tentation du pire. La rejoindre, sans plus attendre. Le tueur prend un malin
plaisir à vider la cité de sa matière sensible. A casser les rues illuminées et
grouillantes. Il brandit le visage de Céline. Pauvre lambeau qu’il secoue et
qu’il accroche à l’entrée d’un commerce ou sur une façade.