Je demande à mon père s’il est possible d’éteindre
la télévision. Il s’exécute. Nous sommes dans le salon. Une grande pièce
assombrie par d’épais rideaux qui ont fini par durcir. Ont-ils seulement été
lavés depuis la disparition d’Elisabeth ? Il me semble que non.
Je m’aperçois seulement maintenant que
l’appartement est à l’abandon. Le gros du ménage est assuré par une aide extérieure. Pas de poussière trop voyante et étouffante. Pas non plus de
désordre significatif. Mis à part les traditionnelles revues médicales toujours dispersées sur la table basse. Des revues dont les abonnements sont périmées depuis des lustres. Pourtant ça me
saute aux yeux aujourd’hui. Il y a dans l’appartement comme un air vicié,
malodorant. Une odeur malade. Tout paraît usé jusqu’à la trame. Figé dans un
carcan de malheur.