De longues minutes nous nous laissons porter par cette atmosphère aphone. L’un en face de l’autre. Je m’inquiète de son apathie. Il
est assis de travers dans le canapé. La bouche si humide que j’ai l’impression
qu’il bave. Non...Il ne bave pas. Juste incapable d’articuler.
Plus je le regarde moins j’ai envie de lui
demander de l’aide. Il est si prostré et lointain...La vie ici a disparu, remplacée
par un climat laborieux. Une ardeur au travail qui donnait l’illusion que les
choses continuaient sans trop de mal. Parfois c’était presque drôle de le voir
se battre ainsi contre le vide. Il faisait de son mieux. Mais j’ai dû être
cruel involontairement. J’en prends conscience alors que je suis comme lui
désormais.