mardi 14 août 2012

111-

Dans sa prostration, je devine aussi le regain d’une souffrance ancienne. Si profonde, qu’elle a littéralement creusé son front. Voilà encore un point commun...Nous avons tous les deux échoué. Lui, à guérir Elisabeth de son cancer. Moi, à protéger Céline.
 
Pour mon père, ce drame sonne le renouveau de son propre naufrage. Et soudain je ne le supporte plus. Je ne supporte plus cet appartement, cet homme perdu dans sa détresse. Mais je ne veux pas le quitter comme ça, sur un coup de tête. Pourquoi tout gâcher maintenant, alors que nous avons fait ensemble un si long chemin ? Le cancer était incurable. Il ne pouvait absolument rien faire. Un savoir impuissant. Or moi, je pouvais agir autrement. Ce n’est pas mon père que je fuis, c’est moi bien sûr. Lorsque je me relève, il ne bouge pas. Les mains posées sur les genoux, l’esprit en pleine confusion sans doute.