Son image flotte dans le vide. Pour ne pas la perdre déjà, je suis contraint de tout filtrer, puis de tout reconstruire. Encore et toujours. Afin de survivre, je marche désormais en inventant, littéralement, la ville.
Puis je remonte, en voiture, la rue Saint Marc.
Une rue étroite et fréquentée qui serpente entre des galeries
marchandes délabrées, des bâtiments d’habitations et d’affaires. Dans sa partie haute, la
rue est mangée par des grues. Un nouveau quartier qui émerge du sol.
Un quartier tout neuf que ne connaîtra jamais
Céline. Un endroit qui ne sera jamais
marqué par sa présence. Pas de souvenirs parasites à pleurer. Seulement une
douleur lancinante dans la poitrine. Indéfinissable et fascinante.
Un feu rouge. La rue à ce niveau est encore plus étroite,
à cause des travaux. Je n’ai rien avalé depuis si longtemps. Mais l’idée même de
manger m’est désagréable, comme indécente.