Illuminés par des lumières artificielles. Jamais
par le jour. C’est l’impression que j’ai...Celle d’un type délavé par la nuit. Par
son silence. J’imagine d’abord qu’il n’a plus de larynx. Puis je réalise qu’il
n’a pas de cicatrice au niveau du cou. Il finit par grogner. Il faut que je
parte et vite...Il m’a aidé, m’a offert cette odeur, une présence miraculeuse. Puis,
comme un retour à la réalité, je repense à l’intrusion dans ma vie d’un flic,
dont le nom m’arrache un sourire, là devant ce type muet. Il pense que je me
fous de lui. Il porte une main à sa bouche. Il l’ouvre. Et me tire un misérable
lambeau de peau. Ce qui doit être sa langue. Ce qui devait être sa langue.
Cette chose attise ma curiosité de médecin.
L’espace d’un instant je redeviens...Quoi au juste...Un homme sans drame ? Un
homme équilibré ? Ou un manipulateur. Pour obtenir ma réponse, je feins un malaise. Afin qu’il accepte que je reste dans « sa » rue. Que je
puisse en avoir le cœur net. Cette soudaine obsession, je pense le comprendre à présent, est une façon comme une autre de tenir le coup. De donner un sens à cette marche insensée. Tout est derrière moi. Je ne sais plus comment le retrouver. Il
y a l’irrémédiable, je m’acharne à vouloir le revoir. Et ce qui est encore là
et que j’ignore, comme s’il m’était inaccessible.