jeudi 7 mars 2013

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Illuminés par des lumières artificielles. Jamais par le jour. C’est l’impression que j’ai...Celle d’un type délavé par la nuit. Par son silence. J’imagine d’abord qu’il n’a plus de larynx. Puis je réalise qu’il n’a pas de cicatrice au niveau du cou. Il finit par grogner. Il faut que je parte et vite...Il m’a aidé, m’a offert cette odeur, une présence miraculeuse. Puis, comme un retour à la réalité, je repense à l’intrusion dans ma vie d’un flic, dont le nom m’arrache un sourire, là devant ce type muet. Il pense que je me fous de lui. Il porte une main à sa bouche. Il l’ouvre. Et me tire un misérable lambeau de peau. Ce qui doit être sa langue. Ce qui devait être sa langue.
 
Cette chose attise ma curiosité de médecin. L’espace d’un instant je redeviens...Quoi au juste...Un homme sans drame ? Un homme équilibré ? Ou un manipulateur. Pour obtenir ma réponse, je feins un malaise. Afin qu’il accepte que je reste dans « sa » rue. Que je puisse en avoir le cœur net. Cette soudaine obsession, je pense le comprendre à présent, est une façon comme une autre de tenir le coup. De donner un sens à cette marche insensée. Tout est derrière moi. Je ne sais plus comment le retrouver. Il y a l’irrémédiable, je m’acharne à vouloir le revoir. Et ce qui est encore là et que j’ignore, comme s’il m’était inaccessible.