mardi 12 mars 2013

139-

Il me la tend, après l’avoir ouverte d’un geste sec. Capsule projetée adroitement dans un cendrier posé sur une table formica. Installée contre un mur jaune bouffé par des moisissures. Dessus il y a toute sa vaisselle, quelques conserves, une cafetière électrique.

Le tout saupoudré d’une sorte de poussière blanche. Je bois...Je le regarde qui tourne en rond dans son logement-pièce-unique. Il est toujours le torse nu. S’allume une cigarette puis s’immobilise enfin. Il bredouille quelque chose. Je devine qu’il me demande si je vais bien. Ou si je récupère. Je fais un geste de la tête, et lève ma bière. Il n’a pas l’air si mécontent de m’avoir fait rentrer chez lui. 

Ce temps suspendu arraché à la dérive...Assis, buvant, silencieux par la force des choses...Il me propose une autre bière. J’accepte à nouveau. Je m’aventure à lui dire que je suis médecin, que son infirmité m’intrigue...Il passe sa main devant sa bouche. Je vois une lueur de honte dans ses yeux. De la révolte ensuite. Mais seulement un reste. Vite effacé. Il ne dit rien pendant de longues minutes.