Le diagnostic, l’effondrement qui a suivi...Le
silence dans lequel je me suis enfermé. Confusion des évangiles, doutes sur mes
compétences...L’origine de ce basculement n’était pas seulement dans la
maladie. Mais dans les murs de l’enfance. Ces cloisons que l’on voulait
étanches. Mais à travers lesquelles passaient toutes les souffrances tues, les
cris étouffés. Les pas comme des feuilles. De plus en plus mortes. Craquants à
la fin, à chaque mouvement. Je les entendais, malgré les précautions prises par
mon père. Je pense toujours, enfermé dans cet hôpital, que j’ai vécu cet effacement sans traumatisme conscient. J’ai vécu dans un cadre si
préservé...Que j’ai peine encore maintenant à me souvenir de sa mort. De son enterrement. Cette protection ne m’a pas épargné une autre douleur.
Pire, c’est probable, que celle que j’aurais
endurée, si j’avais vu la déchéance. Cette fin de près...Pouvoir toucher ma
mère une dernière fois. L’embrasser, lui dire quelques mots. J’avais sept ans. Je
pouvais supporter cette vision. Mon père en décida autrement. En accord,
peut-être, avec Lise...Cette mère qui demeura un fantasme, une image éthérée.
Un corps traversant l’appartement comme une apparition spectrale, ceint dans
une robe de chambre d’une blancheur éteinte.