mardi 19 mars 2013

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Le diagnostic, l’effondrement qui a suivi...Le silence dans lequel je me suis enfermé. Confusion des évangiles, doutes sur mes compétences...L’origine de ce basculement n’était pas seulement dans la maladie. Mais dans les murs de l’enfance. Ces cloisons que l’on voulait étanches. Mais à travers lesquelles passaient toutes les souffrances tues, les cris étouffés. Les pas comme des feuilles. De plus en plus mortes. Craquants à la fin, à chaque mouvement. Je les entendais, malgré les précautions prises par mon père. Je pense toujours, enfermé dans cet hôpital, que j’ai vécu cet effacement sans traumatisme conscient. J’ai vécu dans un cadre si préservé...Que j’ai peine encore maintenant à me souvenir de sa mort. De son enterrement. Cette protection ne m’a pas épargné une autre douleur. 
  
Pire, c’est probable, que celle que j’aurais endurée, si j’avais vu la déchéance. Cette fin de près...Pouvoir toucher ma mère une dernière fois. L’embrasser, lui dire quelques mots. J’avais sept ans. Je pouvais supporter cette vision. Mon père en décida autrement. En accord, peut-être, avec Lise...Cette mère qui demeura un fantasme, une image éthérée. Un corps traversant l’appartement comme une apparition spectrale, ceint dans une robe de chambre d’une blancheur éteinte.