mercredi 16 novembre 2011

22-

Recouvert d’argent, sur un lit glacial. Un désir si vif...J’aurais voulu dévorer cette beauté tuméfiée. Dévorer la mort pour qu’elle disparaisse. Sur son lit de glace, à la morgue, Céline était une chose qui ne ressemblait plus...Désespérante et imparfaite. Vidée de son sang. De quoi l’Autre s’est-il emparé ?

Je nous revois...Nous nous apprêtons à quitter notre appartement. Nous habitions au 9ème étage d’un immeuble Freyssinet. Bloc de béton fuselé et des courbes, posés sur le boulevard Sébastopol. Céline, à la porte, me retient par un bras. La pression qu’elle exerce a un sens particulier. Ce qu’elle a à me dire est important.

L’une de ses habitudes qui me bouleverse : elle est devant le miroir de la salle de bains, elle applique son rouge à lèvres. Lèvres tendues, très délicatement. Son long cou tout droit légèrement incliné vers l’avant. Cette image me trotte toujours dans la tête lorsqu’elle me touche le bras, puis qu’elle l’agrippe avec plus de vigueur.
 
 
L’image se brouille, remplacée par des mots. Ces mots que je redoutais d’entendre un jour :