jeudi 26 janvier 2012

45-


La nuit est tombée sur un goût de terreur. Mon état mental se stabilise. Pourtant il m’arrive encore d’être confronté à de puissantes montées d’angoisse. Ne t’inquiète pas, c’est une belle histoire blanche et rouge.


Elle s’écoule doucement puis elle s’enfuit très vite. La tension entre le manque et ce qui me reste, tout le reste, est parfois si vive que je pourrais me fracasser la tête contre un mur. C’est pour ça qu’on m’attache.

Perdre la vue, c’était perdre ce lien avec Céline. Ce rapport aux couleurs. Cette errance visuelle. Le quotidien nous le rendions supportable ainsi. Dans les toiles et les photographies. Avant de se découvrir. J’étais ce soir-là rattrapé par un dérèglement...Céline finit par aller se coucher. Demain elle a cours très tôt.

La distance devient palpable. Je veux dire qu’elle devient douloureuse, pas uniquement consentie, négociée. Elle s’est arrêtée à l’entrée du salon. Je vois son reflet dans la vitre. Du dépit et de la fatigue, voilà ce que je lis sur son visage. Nous n’avons pas reparlé du bébé. Nous n’avons reparlé de rien.

Une chose me rassure un peu : elle a eu le même réflexe que moi devant la toile de Dilasser. Accrochée sur la gauche à l’entrée de la pièce. Avant de s’éclipser, elle l’a observée, une main sur le front l’autre sur le ventre.