Elle n’a plus de visage. Plus de visage.
Un trou béant à la place. Darc recule puis se
retourne vers la porte de sortie. Je l’entends murmurer, “c’est pas possible”.
Le chant des possibles est infini. Je crois bien que l’homme n’est pas fait
pour l’entendre. C’est un chant trop pur pour lui. Le médecin légiste est
impassible, il résiste à ces notes inhumaines. Prostré devant le corps de
Céline, il regarde droit devant lui. Et quand il ouvre la bouche, c’est pour
dire :
- “J’imagine que je dois soulever le drap
intégralement afin de faciliter l’identification...”
Darc crache un “oui, ça me paraît tomber sous
le sens...”. Le drap est alors replié jusqu’aux pieds de Céline. Sur la
cheville gauche, elle a une petite tache sombre. Un superbe défaut de naissance
qui habillait sa peau, et la rendait singulière, attirante. Cette cheville
blanche, un os fin comme du verre avec un tatouage naturel, je l’ai souvent
embrassée...Ils me regardent fixement. Ils attendent mon verdict.