mardi 8 mai 2012

79-

Mon esprit est encombré d’une façon si soudaine...Les réseaux qui le constituent sont brutalement saturés par un déluge d’informations insoutenables. Je ne réagis pas. Sans possibilité de m’échapper....Céline n’a plus de visage.

Elle n’a plus de visage. Plus de visage.

Un trou béant à la place. Darc recule puis se retourne vers la porte de sortie. Je l’entends murmurer, “c’est pas possible”. Le chant des possibles est infini. Je crois bien que l’homme n’est pas fait pour l’entendre. C’est un chant trop pur pour lui. Le médecin légiste est impassible, il résiste à ces notes inhumaines. Prostré devant le corps de Céline, il regarde droit devant lui. Et quand il ouvre la bouche, c’est pour dire :

- “J’imagine que je dois soulever le drap intégralement afin de faciliter l’identification...”

Darc crache un “oui, ça me paraît tomber sous le sens...”. Le drap est alors replié jusqu’aux pieds de Céline. Sur la cheville gauche, elle a une petite tache sombre. Un superbe défaut de naissance qui habillait sa peau, et la rendait singulière, attirante. Cette cheville blanche, un os fin comme du verre avec un tatouage naturel, je l’ai souvent embrassée...Ils me regardent fixement. Ils attendent mon verdict.