Le corps dégage, et c’est un mystère, une certaine
sensualité. Je m’obstine à le trouver beau. Seuls les détails infimes
m’importent. Les os cassés mais saillants, la peau déchirée mais saine par
endroits. Le ventre est épargné...Le tueur a violé, il s’est acharné, pourtant c’est
le seul lieu de son corps qu’il n’a pas massacré après son acte.
Darc ne s’était pas aperçu de mon retour. Lorsqu’il
se retourne vers la table d’autopsie et qu’il réalise que j’ai tout entendu, il
pâlit. L’expression de sa gêne est aggravée par la lumière de la pièce. Ces
néons blafards.
Le légiste se gratte la tête, puis cherche un
espace où il pourrait se cacher. “Un chien ?”, leur embarras est presque
comique...Au moins je ne suis pas le seul à sentir le sol se transformer en
marécage nauséabond. Je dirige mes yeux sur les parties intactes du corps de Céline.
Il y en a très peu. Je parviens à ne plus voir un cadavre mutilé. Je vois ma
compagne. Je la devine derrière les blessures.