mardi 29 mai 2012

85-

Je dois peser une tonne devant la table. Il n’arrive pas à me faire bouger d’un centimètre. Ma vie est dans ce gouffre sanguinolent. Sans la moindre expression, le moindre reflet. Pour obéir enfin au lieutenant, je dois me réfugier dans un coin de ma raison. Le dernier qui ne soit pas encore irradié.

Je suis épuisé...Ces lignes réactivent des minutes atroces. Des minutes qui me terrorisent.

La journée est balisée par des murs et des toxines. Des cloisons physiques et mentales qui disent la normalité. L’enjeu, ici, est d’accepter que la vie est invivable. De redevenir le médecin que j’ai été. Quand tout sera terminé - ces notes comme mon séjour dans ce service - j’envisage de me retirer dans un endroit où le mal pourra progresser paisiblement. Un lieu où cette progression n’aura plus de sens. J’en ai parlé au psychiatre. Il dit que c’est une bonne idée. Je leur donne ce qu’ils veulent, pour être tranquille.Ils se satisfont de si peu.