J’ai tant
fait, insoucieux, pour apprendre à tirer. Viser juste. Dans une nuit
interminable. Le trouver, l’abattre. Alors que les images se pressaient, puis
se décomposaient. Photos de Céline, le temps de sa vie, d’un souffle certain à
ma nuque. Prises tout au long de notre parcours commun. Allongée lascive, étrangement belle. Que
sont-ils devenus ces clichés numériques ? Je l’ignore. Perdus dans un
disque dur. Mais ils sont là quelque part. Preuves d’une existence. La sienne,
la nôtre. Elles se heurtent aux déchirures, au sang de l’argentique. L’autopsie
de sa fin, de la mienne. En mille images de soi dispersées. Les rassembler,
reconstituer. Avec la peine indescriptible au corps, à l’esprit. Cristallisée
ce soir-là dans une arme. Le seul chemin possible. L’étroitesse du canon.