jeudi 12 septembre 2013

185-

 
J’ai tant fait, insoucieux, pour apprendre à tirer. Viser juste. Dans une nuit interminable. Le trouver, l’abattre. Alors que les images se pressaient, puis se décomposaient. Photos de Céline, le temps de sa vie, d’un souffle certain à ma nuque. Prises tout au long de notre parcours commun.  Allongée lascive, étrangement belle. Que sont-ils devenus ces clichés numériques ? Je l’ignore. Perdus dans un disque dur. Mais ils sont là quelque part. Preuves d’une existence. La sienne, la nôtre. Elles se heurtent aux déchirures, au sang de l’argentique. L’autopsie de sa fin, de la mienne. En mille images de soi dispersées. Les rassembler, reconstituer. Avec la peine indescriptible au corps, à l’esprit. Cristallisée ce soir-là dans une arme. Le seul chemin possible. L’étroitesse du canon.