Mais
aucune chance qu’il le trouve en moi cet homme. Il est mort celui-là, et depuis longtemps. A-t-il seulement existé ? Il peut sombrer Karl, sombrer dans
son délire. Fouiller ce local, le défoncer s’il le veut. Je n’y trouve rien à
redire. Il finit par comprendre, et cesse de me braquer avec son faisceau lumineux.
Avec acharnement, il retourne chaque carton. Chaque parcelle de sa conscience
militarisée. Il repart en guerre. Elle est de retour. Dans sa tête, elle
reprend vie.
Comme
il a dû tuer ce Karl, au corps massif, avachi. Comme il a dû y prendre du
plaisir, puis en souffrir. Que peut-il arriver de pire...Devenir ce tueur
professionnel. Devenir ce tueur. Le rester. Et se dire qu’au fond, il n’y a pas
d’autre solution. Ici comme là-bas. Que de détruire l’origine de son malheur.
Après ? Après quoi...Rien. Mais ce n’est pas l’essentiel. Survivre,
peut-être. C’est bien. Survivre oui... Se replier dans une pièce. Prendre du
poids. Ou maigrir. Négliger sa tenue, le ménage. Finir par être foutu à la
porte de son logement. Revenir sur ses pas.
Mais où ? Au mieux, tourner en rond. Ecumer les lieux fantômes de
sa fuite. Cette armurerie en est un pour Karl. Il m’indique du doigt un petit
escalier au fond du magasin. M’y entraîne ensuite par le bras.