mercredi 8 février 2012

48-

Nous avons poursuivi la visite ensemble. Nous sommes ressortis de la galerie. Nous avons bu un verre dans un café, le plus banalement du monde. Nous nous sommes découvert des points communs. La médecine pour activité...Et surtout l’intérêt pour la peinture et la photographie. Toutes les expositions, les achats qui injectèrent par la suite à nos existences un souffle supérieur. Des antidotes mais aussi des poisons.

Céline était de taille moyenne, fine et très féminine. C’est bizarre d’en parler ainsi. J’en donne une image stéréotypée. Une image sans relief. Je pourrais peut-être parler de son corps, ou de sa peau. Vous décrire ses formes dans le détail...Tout ça est en moi. C’est en moi, mais trop loin désormais. La réalité est que Céline à cet instant se réduit à une seule image. Un cliché d’autopsie. Un fragment de son ventre sur une table de dissection. Pourquoi celui-là ? Parce que tous les autres étaient insoutenables. Une caricature d’être humain. Un corps informe, gris et tuméfié par endroits. Or, ces quelques centimètres carrés de peau - ce ventre que j’avais tant embrassé, sur lequel je m’étais tant de fois endormi, dans lequel j’avais si souvent pris du plaisir, que j’avais si souvent senti frémir sous ma main - se sont incrustés si profondément dans mon esprit que je n’ai plus, à cette heure, aucune autre vision d’elle.