mercredi 29 février 2012

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L’essentiel est de rester au-dessus des flots. De capter un peu d’air entre deux consultations. Je dicte quelques lettres pour des confrères. Pas de pause repas, ni de coup de téléphone à Céline. Pas de courriel non plus. L’après-midi se déroule comme une bande magnétique vierge. Parce que l’horreur approche, froide et nue.

En fin de journée, au lieu de rentrer chez nous, après les consultations à domicile, au lieu de la contacter, j’ai été me soûler. Je me souviens d’une promenade au jardin des explorateurs. Et de traces de discussions vaseuses à l’Abordage. Le portable éteint dans la voiture garée place de la Porte. Un instant de dérive, où le médecin s’est oublié. Et répandu en sanglots lamentables. Céline, de son côté, se prépare seule dans notre appartement. Les heures passent, elle se rend chez son ami. Elle m’aura laissé trois messages.

La voix de plus en plus voilée, jusqu’à n’être qu’une respiration fébrile. Un soupir....Fin du dernier message. Elle quitte Sophie aux alentours de minuit. Moi, je m’endors dans la voiture, sur la banquette arrière. Agité de cauchemars, de relents acides et de visions grouillantes, je suis en train de dissoudre Céline. Elle marche en direction de la place Dusquesne. Là où l’on m’a ramassé, alors que je creusais la terre meuble et fraîche de sa tombe.