vendredi 17 février 2012

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Sa résignation est comme une pierre branlante. Elle peut nous déconstruire. Pour l’enfant, je hoche simplement la tête. Il me semble avoir fermé les yeux. De cette façon je retrouvais le vertige qui venait, la veille, de me saisir. Pour la soirée je refuse, sans lui donner la moindre explication. Lui dire quoi ? Lui parler de la crise qui continuait son œuvre malsaine ? De la maladie qui me transformait ? De mon désir, surtout, de tout emporter dans l’obscurité. Si proche dans mon esprit.

On me fournit du papier et des stylos. Les phrases qui s’enchaînent finissent par devenir une expérience déconcertante. Elles complètent, dans ma thérapie, les médicaments. C’est un voyage en décomposition...

Céline est partie à son cours dans un drôle d'état. Secouée par mon attitude. La crise, le silence, les refus...Toutes ces choses assombrirent son regard. Nous nous sommes dit au revoir sur le palier. Elle portait un blue-jean, un pull en mohair très court, un blouson de cuir marron. Je portais les mêmes vêtements depuis la veille, pantalon beige chemise blanche. A la porte de l’ascenseur elle resta quelques instants à me regarder. D’abord muette, avant de me souhaiter, dans un souffle profond et lugubre, une bonne journée, puis de déposer deux doigts sur ses lèvres en signe de baiser. Elle ouvre la porte. Elle s’engouffre à l’intérieur...Je ne l’ai plus jamais revue vivante. Des cheveux blonds, un reflet blond plutôt, et plus rien. Si...Une autre chose : une odeur de parfum qui se dilua lentement sur le palier avec d’autres odeurs.