lundi 13 février 2012

50-

J’ai l’impression d’avoir un bras criblé de grenaille. Je repense à cette pluie sur la mer. Un naufrage toujours recommencé...Il n’y a que le soir que je peux atteindre un état de neutralité suffisant pour le supporter...

Je n’ai pas rejoint Céline dans la chambre, tout au fond de l’appartement. Une grande chambre aux murs jaune et pêche. Des toiles de MacKendree, les quais de Brest et de New York. Céline au milieu de ces traces portuaires et urbaines, dans le vide.

Je m’étais endormi dans le salon et c’est la lumière de l’aube qui me réveille. La rade est invisible. Elle est sous le crachin. J’entends un TGV qui s’apprête à quitter la ville. Les premiers bruits montant du port retentissent. Une sirène de navire, des caisses et des conteneurs qu’on empile. Des camions qui descendent jusqu’aux terminaux. Une odeur fraîche et agréable d’humidité se déverse dans le salon.

Céline est déjà lavée et habillée. Cela fait une bonne minute qu’elle me regarde, appuyée contre la bibliothèque. Elle dépose les clefs de la voiture sur la table basse, et m’embrasse sur le front.

- “Tu n’as pas eu froid cette nuit dans le salon ?”

Je réalise que je suis frigorifié. Le chauffage ne suffit pas sans les volets. La baie vitrée se refroidit au contact de l’air nocturne et devient aussi froide qu’une paroi de glacier. Nous ne sommes pourtant qu’à l’entrée de l’automne.